Daryl - Cadet des An'Sionnach

D'aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours de lui cette image d'homme fort. Je n'avais que 6 ans et Aodh 14 quand nous nous sommes retrouvés orphelins. Aodh ne s'est pas laissé abattre, et a prit les choses en mains, devenant alors le nouvel Alpha dans la foulée. Il m'a entraîné dans son sillage. C'est comme s'il avait été fait pour ça depuis toujours. Ce n'était pas mon cas. Je veux bien croire que se retrouver à la tête de toute une meute, et en prime à la charge d'un gamin, aussi jeune était une lourde tâche. Et j'en ai fais les frais. Il m'a élevé, plus comme un loup que comme un enfant. Aodh est un guerrier, pas une mère. Pourtant je ne dirais pas que j'ai manqué d'amour, de tendresse peut-être, mais pas d'amour. Un peu rude sans doute, et qui ne se dit pas de vive voix, mais si Aodh m'en a fait bavé toute ma vie, je n'ai jamais douté un seul instant qu'il serait là pour moi. Il est une présence sûre et sécurisante. S'il ne me ménage pas, je me rappelle pourtant encore d'une lointaine époque, peu après la mort de notre père, où il m'autorisait à dormir avec lui pour apaiser mes craintes d'enfant. Je sais que mon frère à cette image de brute borné, mais il est aussi un homme sur lequel on peut compter. Nous nous soutenons envers et contre tout. Je donnerais ma vie pour lui, et je sais que l'inverse est vrai également. Nous ne voyons pas toujours les choses de la même façon, mais j'ai grandi dans son ombre, il m'a élevé et j'ai tendance à le suivre aveuglément. Comme un petit garçon, j'ai tendance à chercher son approbation, et agit bien souvent davantage dans l'optique de lui faire plaisir et le rendre fier avant de penser à moi. Chose que je fais bien souvent sans m'en rendre compte... Je commence à en prendre doucement conscience maintenant que je n'ai plus la responsabilité de Béta et que l'attention d'Aodh est un peu plus focalisée sur Aindreas.

Eireen... cette nana est bien la seule personne pour laquelle je pourrais m'opposer à mon frère ! Sa famille était un peu comme ma deuxième maison. On a grandi ensemble, un peu comme un frère et une sœur. Elle est ma meilleure amie, ma confidente. Celle à qui je me plaignais de mon frère, celle qui me réconfortait. Celle que j'ose déranger sans vergogne en plein milieu de la nuit quand quelque chose ne va pas et inversement. Je ne sais pas vraiment à partir de quand mes sentiments pour elle se sont mués de cette adoration fraternelle en un béguin énamouré... à l'adolescence je crois, quand j'ai vu cette fillette devenir peu à peu une magnifique jeune femme. Je suis tombé dans le piège, et je n'arrive plus à m'en défaire. Si, adolescent, j'avais commencé par mettre ma jalousie sur le compte de jouer au grand frère protecteur, ou d'avoir peur que l'on me vole ma meilleure amie, cela fait des années maintenant que je me suis rendu à l'évidence : Je suis raide dingue de cette nana. Mais pour elle, je suis toujours le garçon qui venait prendre le goûter à la maison, qui l'aidait à faire ses devoirs et la défendait contre les petites brutes. Quand elle me regarde, elle ne voit que son meilleur ami, son frère de cœur. Rien de plus. J'en ai conscience. J'essaie de faire taire mes sentiments, mais ce n'est pas évident en la côtoyant quotidiennement. Il faudrait sans doute que je l'évite, mieux encore que je parte loin d'ici, pour pouvoir y mettre un terme. Mais je ne peux pas quitter la meute. Et puis soyons honnête, je ne le veux pas. Même si ça fait mal. Je ne veux pas perdre cette complicité quasi fusionnelle qui nous unis. Paradoxalement, si cet amour silencieux me ronge le cœur, elle en est à la fois la cause et le baume qui le soulage.

Aindreas. C'est curieux de se dire qu'on a attendu toute sa vie la venue d'un type qu'on ne connait pas. Je me rappelle de cet homme, perdu, tout seul dans une clairière, quand nous l'avons retrouvé avec Aodh, après avoir ressenti son gène s'éveiller. Il avait fait bonne figure, essayant tant bien que mal de cacher son désarroi, sa crainte, quand il avait découvert ce que nous sommes. Ce qu'il était. Je comprends. Il y avait de quoi flipper. Mais il s'est remarquablement vite fait à sa nouvelle nature, à la vie de meute. En un temps record il s'est adapté et est devenu l'Alpha qu'on attendait. C'était il y a à peine 2 ans, pourtant j'ai l'impression que ça date d'une autre époque, il y a une éternité.
As me fait penser à mon frère. Ils ont ce même côté bourru, mais le coeur sur la main, même s'il faut reconnaitre qu'Aindreas a tout de même plus d'ouverture d'esprit que mon aîné, sans doute du à sa vie précédente où il côtoyait vampires et humains. Ils ont aussi ce côté impulsif et parfois violent en commun, pourtant je ne doute pas qu'il prenne les bonnes décisions pour la meute. Oui, As a ce petit quelque chose qui fait que j'ai confiance. Même si je dois bien l'avouer, j'ai été un peu mitigé sur la façon de l'accueillir au tout début. Aodh et moi, on était la seule famille qui nous restait depuis tellement d'années... voir ce cousin débarquer de nulle part m'a un peu inquiété je crois. Surtout en les voyant si proches avec Aodh. Peut-être que j'ai craint de me faire remplacer ? Mais cette inquiétude a vite disparue. Aujourd'hui Aindreas est un Alpha que je respecte, un membre de la famille à part entière. Cependant, je ne suis pas aveugle... je vois bien la manière dont le regarde Eireen... Déjà qu'ils vivaient sous le même toit pour le bien d'Aby, il faut en plus que la blonde tombe sous son charme ?! Je suis un peu jaloux, c'est vrai... et je crois bien qu'il l'a remarqué... Maintenant il ne se prive pas pour me charrier pour mon plus grand malheur !

C'est ma petite nièce. La fille d'Aindreas et de Trinity - la soeur aînée d'Eireen. Autant dire que lorsque j'ai appris que ces deux-là allaient être parents, j'étais complètement enthousiaste. Ma famille de coeur et de sang se retrouvaient finalement réunies par un lien indéfectible : un enfant ! La naissance de la petite Aby aurait du être un jour de fête, malheureusement, Trinity est décédée en couche. Un coup dur pour la famille, surtout Eireen. Désormais c'est elle qui s'occupe de la petite, avec As. Depuis ils vivent tout les trois sous le même toit, pour simplifier les choses. Alors quand je viens voir ma meilleure amie, je passe un peu de temps avec la petite. Aby est un petit bout de chou tout ce qu'il y a de plus adorable ; on se demande comment un ours comme As a put faire quelque chose d'aussi mignon ! Elle tient ça de sa mère assurément. () Mais quelque chose en elle résonne chez nous, les loups, alors même que son gène est encore en sommeil. Elle est destinée à devenir une louve aux grands pouvoirs. Mais quand j'attrape ce petit corps potelé dans mes bras, j'espère que cela n'arrivera pas. Que notre situation actuelle se réglera avant qu'elle ne soit trop grande pour que ce soit gravé dans sa mémoire. Qu'elle puisse grandir comme une simple jeune fille, qu'elle n'ait pas à passer par les mêmes épreuves que nous autres. Ah. Je crois aussi qu'elle fait vibrer une corde paternelle que je ne me soupçonnais pas.

Je connais Cameron depuis... je ne sais plus exactement, sa famille faisait déjà partie de la meute à l'époque de mon père, mais on a commencé à se fréquenter alors qu'on avait une dizaine d'années. La pleine lune venue, alors que les loups se transformaient, on se retrouvaient entre "non initiés", nous qui n'avions pas éveillé le gène. C'est drôle quand on y pense, à cette époque Cam rêvait d'être un loup, mais il ignorait comment on le devenait, sa mère nous avait strictement interdit de lui en parler. Moi, de mon côté, je lui enviais cette mère qui le couvait. On était vraiment très différents quand j'y pense, ça a pu créer quelques tensions, mais je crois que ça nous a surtout rapprochés. Il me posait beaucoup de questions sur les loups, moi qui les fréquentais au quotidien, et je me projetais à sa place dans ce qui me semblait être une vie de famille idéale lorsqu'il me parlait de sa passion pour la peinture. Tout ça remonte à bien loin maintenant. Entre temps Cameron a quitté l'Irlande et a prit femme, moi j'ai déclenché mon gène et suis devenu le Béta de la meute. Aujourd'hui nous sommes tout deux loups, et nous galérons ensemble dans la prison qu'est devenue notre île natale.

Avery est une jeune louve qui a intégré la meute il y a peu. Elle fait partie de ceux qui ont été amené là par les Tullamore. A vrai dire, elle est parmi nous parce qu'elle n'a pas vraiment le choix. C'est comme ça que je l'ai compris ! Si je peux faire en sorte qu'elle se sente un peu plus à sa place dans la meute, je le ferais. [Lien à définir, rp en cours]

C'est en 2043 que j'ai rencontré Hati. Pendant cette période de chaos. J'avais identifié ce type solitaire comme étant un lycan, l'un des nôtres. Je pensais qu'il s'agissait d'un nouveau venu et m'étais mis en tête de le ramener dans la meute. Il s'avère qu'il était plutôt en cavale, tentant d'échapper à son tortionnaire attitré, et non pas simplement perdu. Notre première prise de contact fut après que j'ai achevé le dernier membre du groupe de Tullamore qui venait de le capturer. A ce moment-là, on ne faisait pas dans la dentelle, la Coalition n'existait pas encore, les territoires n'avaient pas été distribués aux différentes races, et tout le monde se tirait dans les pattes pour survivre tant bien que mal. Je pensais ramener un nouveau membre dans la meute, agrandir et renforcer celle-ci. Ça s'est avéré plus compliqué. Hati avait une haine fondamentale de sa nature, quand je l'ai compris, il ne fut plus question de le ramener dans le clan. Un loup récalcitrant comme il l'était représentait un danger. Je pouvais comprendre la répulsion que pouvait inspirer le loup quand on songeait à la manière dont celui-ci s'éveillait, mais je n'avais jamais vu personne rejeter autant tout ce qui faisait de lui un lycan qu'Hati. Il m'en devait une pour lui avoir sauvé la mise, mais il y avait aussi cette sorte de mépris quand il me regardait. Parce que, moi aussi, j'étais un loup ? Pourquoi était-il comme ça ? Qu'est-ce qui l'avait poussé à nourrir toute cette haine contre les lycans, et surtout envers lui-même ? Jamais un loup avec autant de rancoeur pour sa propre espèce ne pourrait rejoindre la meute. Je me suis mis en tête de comprendre pourquoi, comment il en était arrivé là. Je ne sais pas si c'était à cause du nouveau rôle qu'on m'avait attribué, celui de formateur des nouveaux loups, ou d'autre chose. Quoiqu'il en soit, on a fini par en venir aux mains, poussé dans ses derniers retranchements, on s'est cogné dessus comme deux beaux enragés. Ensuite seulement, on a pu commencé à parler.
Aujourd'hui, Hati est un type en qui j'ai confiance. Il fait plus ou moins parti de la meute, c'est compliqué. Il a un léviathan à la solde de Tullamore aux fesses, l'accueillir au milieu des notres est dangereux, on en a tout les deux conscience. Je fais ce que je peux pour lui trouver des planques quand il parvient à s'échapper, et lui, il profite de ses passages à Polaris pour glaner des infos qui pourraient nous être utiles. J'aimerais pouvoir le sortir de cette situation, mais on sait tout les deux que c'est impossible. Alors on l'exploite autant qu'on peut à notre avantage.

J'ai rencontré Olivia pour la première fois en 2037 alors qu'elle débarquait en Irlande pour créer un lien entre nos deux meutes, une sorte d'émissaire. A cette époque, elle n'était pas encore Beta, mais elle avait déjà un sacré caractère ! Je me suis chargé de lui faire rencontrer les membres du clan et de lui faire visiter la région pendant sa semaine de visite. On s'est tout de suite rendu compte qu'on était sur la même longueur d'onde, alors même après son départ on a gardé contact. Ce n'est qu'un an plus tard qu'elle est revenue, cette fois pour une période plus longue de deux mois. Le feeling entre nous s'est confirmé à cette seconde rencontre. Je m'attache rarement à des personnes aussi vite, mais Oli fait partie de celles-la. Je la considérais déjà comme une amie, elle est devenue une très bonne amie. Et.. plus si affinités ? A la fin du premier mois, il est possible qu'on ait dérapé un peu, mais ce coup d'un soir n'a en rien entaché notre relation. On en a alors juste profité le temps que ça a duré, un peu à l'image d'une amourette de colonie de vacances, alors qu'on connait déjà la date de fin de cette histoire.
Je l'ai revu encore une fois après ça, c'était fin 2040, elle était devenue la Beta de sa meute entre temps. Je connaissais la force de sa détermination et ne doutais pas qu'elle ait les épaules pour ce rôle, mais pour avoir été Beta pendant de nombreuses années, je me rappelle qu'à ce moment, j'aurais préféré qu'elle suive mes conseils et cherche un autre moyen d'aider sa meute que d'endosser ce rôle, car je savais à quel point il pouvait être difficile.
Et encore, je n'avais pas idée.
Tullamore. La révélation. La chasse aux monstres sur toute la planète. Olivia et les siens ont été débarqués en Irlande dès 2043, il y a 2 ans déjà. Malgré tout ce qu'elle a traversé, elle garde toujours cette volonté de fer, et cette envie d'aider les autres qui force mon admiration. Olivia est quelqu'un en qui j'ai toute confiance, et une alliée de choix dans la situation chaotique où nous nous trouvons. D'un point de vue plus personnel... j'adore cette fille. Mais je ne sais pas trop quoi faire de cette ambiguïté qui s'installe parfois entre nous. Si hier la distance était une barrière qui me permettait de ne même pas avoir à me poser la question, aujourd'hui les choses sont bien différentes.

Mathias a vécut quelques années parmi nous alors qu'il sortait tout juste de l'enfance. J'étais bien trop jeune à cette époque pour me rappeler de son arrivée, ni même me demander pourquoi il était là. En revanche, je me souviens très bien quelques années plus tard, après la mort de mon père, que Mathy a été d'un grand soutien pour mon frère. Il était là, aussi, quand Aodh, après être devenu Alpha, s'est mis en tête de me former, de m'endurcir. Mathias était souvent avec nous lors de ces entrainements, me donnant même parfois quelques conseils que lui-même tenait de Faolan. C'est assez ironique de se dire que le français connaissait mieux mon paternel que moi, son propre fils. Durant cette période, il est devenu comme le troisième larron de la fratrie, même s'il était beaucoup plus proche d'Aodh à cause de notre différence d'âge. Et puis, ils étaient tout deux des loups, moi non. C'est à cette époque là aussi, que je me suis beaucoup rapproché de la famille McLeod. Finalement, c'était plutôt moi qui tenait la chandelle, en tout cas c'est comme ça que je l'ai vécu à ce moment-là. Mathias était plus à même de comprendre et de partager ce que vivait Aodh, moi j'étais qu'un gamin. J'avais 9 ans quand il a quitté l'Irlande, et s'il a gardé contact avec la meute, il n'a jamais remis les pieds sur l'île, du moins pas avant que Tullamore ne l'y ramène de force.

Je me rappelle de cette gamine qui s'effondre, à genoux dans la terre en face de cette tombe, ses mains couvrant son visage. Je suis trop loin, pour le voir ou pour l'entendre, mais je l'imagine aisément pleurer, versant toutes les larmes de son corps, incapable d'évacuer toute cette peine qui ne s'éteindra jamais vraiment. Et c'est de ma faute. Ils m'ont dit de ne pas y aller. Je ne devrais pas être là, à épier cette famille en deuil.
J'ai tué son père.
Et je ne m'en rappelle même pas. Juste quelques bribes, la rage, la violence, la douleur et le goût du sang encore sur ma langue à mon réveil. On m'a félicité pour ça. C'était un loup étranger, il a ignoré les limites de notre territoire, il était incontrôlable, il aurait pu blesser des humains, les tuer, mettre en danger notre secret. Ça ne me rend pas moins coupable du malheur de cette mère et de sa fille. Je suis retourné chez moi, auprès de la meute, et j'ai fais comme si ce n'était pas grave, que ça ne m'affectait pas. La vérité c'est que les cadavres ont tendance à s'accumuler autour de moi depuis que j'ai éveillé le gène, ça fait moins d'un an que je suis devenu Béta, et je ne sais pas si je vais supporter tout ça encore longtemps.
Et pourtant, ça a duré des années comme ça, gagnant en maitrise et en contrôle sur tout les plans, afin d'éviter que quelque chose comme ça se reproduise.
Quelle ne fut pas ma surprise de tomber sur Selena quelques années plus tard. Lors d'une sortie tout à fait banal avec quelques connaissances de la ville voisine... dont l'une d'entre elle était visiblement un ami en commun qu'on avait avec la brune. J'ai bugué un moment en la reconnaissant. Vive le malaise. Alors qu'elle n'avait pas la moindre idée de qui j'étais. Difficile de l'éviter dans une soirée entre amis. J'aurais mieux fait de partir. Le pire dans tout ça, c'est que cette fille est adorable, drôle et sympa. Je me sentais d'autant plus coupable à chaque mot qu'on pouvait échangé, à chaque rire échangés. Elle était mignonne, et on s'entendait plutôt bien. On a commencé à devenir amis, et même à flirter un peu. Mais dès que nous nous rapprochions un peu, il y avait cette voix dans ma tête qui s'alarmait " Hey ! Rappelles toi que c'est toi le responsable de son plus grand malheur ! " Elle a du me prendre pour un taré, ou un gars atteint d'un grave trouble bipolaire, à changer d'avis et d'attitude comme ça. Mais je ne pouvais pas faire comme si de rien n'était, et je ne pouvais pas non plus lui raconter la vérité. J'ai fini par m'éloigner d'eux, les voir de moins en moins, puis plus du tout. Le temps à fait son oeuvre, et on s'est "juste" perdu de vue. C'était mieux ainsi.

A faire.

A faire.

La première fois que je l'ai vu, c'était en 2044, pour la création de la Coalition. Honnêtement, sans elle et son frère, je ne pense pas qu'un traité aurait pu être signé. Ça aurait plutôt tourné au pugilat, et on se serait tous entretués, pour le plus grand plaisir de Tullamore. Depuis, elle passe régulièrement sur le territoire. Quand Aindreas m'a demandé de lui servir de guide - ou autrement dit de laissé passé pour qu'elle ne se fasse par croquer par mégarde par les autres loups - j'étais plutôt sceptique. Non seulement c'est une sorcière - dieu sait quels pouvoirs elle peut avoir, et par conséquent quel danger elle représente - mais c'est aussi une étrangère - elle ne fait pas partie de la meute, comment deviner ses réelles intentions ?! - et pour couronner le tout, si elle vient ici, c'est pour trouver des plantes dans le but de créer un remède pour soigner les vampires ! D'accord, ils sont nos alliés, mais je ne donne pas cher du traité si les hommes de Tullamore venaient à disparaitre. Enfin, pour l'instant nous avons besoin d'eux pour avoir une chance de contrer nos geôliers, c'est vrai. Est-ce qu'elle fait tout ça pour cette raison ? Ou est-elle vraiment aussi altruiste qu'elle le laisse à penser, voulant donner une chance à chacun, voyant le bon en tous ? Même moi qui suit du genre à vouloir donner des secondes chances, je suis loin d'être aussi utopiste que cette femme ! Pourtant en la côtoyant lors de nos similis randonnées, je nous découvre de plus en plus de points communs. Je comprends pourquoi As l'apprécie et quelque part, j'aimerais vraiment que la vision de Lahja sur le monde soit la bonne.

J'avais 16 ans quand je l'ai rencontré. J'ignorais alors qu'il était un vampire.
Je ne sais plus si c'était pour l'éveil de mon gène, ou pour fêter mon nouveau statut de Béta, mais j'avais été entrainé par des amis jusqu'à la ville la plus proche pour l'occasion, bon gré mal gré. C'est dans un bar où nous nous sommes arrêtés que Charles était là. Voyant notre petite bande festive, il s'était joint à nous, et avec déjà quelques verres dans le nez, on l'avait accueillis à bras ouverts quand il avait proposé de payer sa tournée. Je pense qu'il a grandement participé à la première cuite de ma vie... Sans ça, je ne pense pas qu'on aurait pu sympathiser ce jour-là. A l'époque je suivais les directives de mon frère à la lettre, parler à un étranger : hors de question ! Avec quelques grammes d'alcool dans le sang, il faut croire que je deviens moins réservé... hm. Après ça, on s'est recroisés quelques fois aux abords de River Crow. On s'échangeait juste quelques mots, rien de notable. Ce n'est que bien plus tard, après les bombardements, après l'annonce de Tullamore au monde entier, quand chacun tentait de survivre, à la recherche de ressources pour se démerder dans ce monde chaotique, qu'on s'est croisé de nouveau. Avec cette fois l'évidence. Vampire. J'avais eu des soupçons auparavant, mais maintenant c'était clair. Il n'avait cependant jamais rien fait d'hostile à mon égard ou envers la meute, et j'appris plus tard par Aindreas que Charles était du côté de Wellan à l'époque de River Crow. Du côté des "bons" vampires donc. Plus récemment, nous nous sommes encore rencontré. Il ramenait Scylla, une jeune fille qui a été confié par sa mère à une humaine appartenant à notre meute. Je suis intervenu juste à temps pour empêcher les loups de s'en prendre à ce vampire qui osait pénétrer sur nos terres en toute impunités, qui plus est avec ce qui ressemblait à un kidnapping d'une des notres. Scylla avait en réalité fugué, sans doute une fois encore à la recherche de sa mère disparue, et il la ramenait au bercail. Il faut croire que Charles a réellement de bonnes intentions. Il a tout du mec bien, pourtant j'ai toujours des réticences à lui faire confiance. Si je suis prêt à interdire aux membres de la meute de lui faire du mal, ce n'est pas demain la veille que je l'inviterais au coeur de notre village.

J'ai rencontré Pavel à Riverdall par le biais de Soma, une amie en commun. Je discutais avec elle des difficultés que rencontrait la meute sur les récoltes en cours, et c'est à ce moment que Pavel a fait une irruption opportune. Les cultures commençaient à pourrir sur pied sans qu'on sache pourquoi, il a suffit qu'elle vienne sur place pour donner son avis d'expert pour littéralement sauver deux mois de travail sur ces champs. L'intervention d'un horticulteur juste à ce moment était inespéré ! Pavel ne s'est pas arrêté là, et nous a donné de nombreux conseils par la suite pour améliorer notre productivité. Il.. elle a toujours quelques astuces à nous donner, et c'est toujours intéressant de discuter avec elle de ses connaissances dans ce domaine. Même si les plus jeunes sont plus prompt à le questionner sur la vie dans un cirque que sur la meilleure saison pour planter des choux... Pavel fait parti de ses personnes qui essaient de rendre les choses meilleures et aident leur prochain. Il est surveillé au même titre que les autres étrangers venant rendre visite au village, mais chacune de ses venues sont appréciées et les trocs qui se sont installés naturellement entre nos deux groupes sont un plus pour tout le monde. J'ai un peu de mal avec sa transidentité, pas que cela me choque, mais j'ai toujours naturellement tendance à la définir comme un "il", le "elle" qui la désignerait selon sa préférence se faisant plus difficilement, étant donné qu'il.. qu'elle, est la première personne transgenre que je rencontre. Heureusement, le "tu" n'as pas de genre, ça m'évite bon nombre de maladresses.

Il l'a tué. Cet homme, cette... chose. Quoiqu'il soit. Je ne suis même pas sûr de ce qu'il est exactement, qu'il soit capable de ressentir. Je n'ai vu aucune trace de sentiments dans le regard de cette créature alors qu'il laissait tomber au sol le corps sans vie de Corey. Je ne m'attendais pas à voir du regret ou de la culpabilité chez ceux qui nous ont bombardés et enfermés ici, mais il n'y avait pas non plus de colère, de peur ou de haine. Rien. Je n'ai rien vu de tout ça. Alors que chez moi, la rage montait en flèche, l'envie de vengeance, de voir mort celui qui venait de tuer mon ami !
L'Irlande venait d'être bombardée et on avait révélé au monde entier l'existence des notres, mais également de tout une panoplie de créatures dont je n'avais moi-même jamais entendu parler. Un embargo avait été décrété sur tout le pays, et le début du chaos... avec Corey, Jim et Cassy, on s'est rendu au centre de l'île, après avoir entendu des rumeurs. Les Hommes faisait construire un immense bâtiment en lieu et place de ce qu'était la ville de Tullamore. La place grouillait d'hommes armés aux allures militaires. A l'époque, on ne savait pas encore à quoi on avait affaire, les hommes de Tullamore. Cette organisation sinistre. C'est alors qu'on se repliait qu'on est tombés sur la Bête.
Je me suis heurté à un mur. Un mur de chair et d'os. J'ai tenté de le poignarder pour m'en débarrasser. Je suis sûr d'avoir touché quelque chose de métallique avec ma lame, un genre de cyborg peut-être ? Ça expliquerait le sang sur ma lame et l'absence totale de réaction à la douleur de l'homme. Un homme... immense, une gueule de boxeur et plus baraqué que tout ceux que j'avais pu voir jusqu'à présent. Sans doute n'était-il pas si humain en réalité. Son apparence, et cette force incroyable avec laquelle il m'a repoussé n'avait rien d'humain ! Un ordre aboyé en arrière, et il s'est tourné vers nous, prêt à attaquer de nouveau. Les hommes de Tullamore étaient trop nombreux, et tous se ruaient vers notre position. Je n'ai pu qu'adresser un dernier regard au corps brisé dont les yeux grands ouverts fixaient dans ma direction sans plus me voir, avant de battre en retraite. Je n'avais rien pu faire pour Corey, et c'est de justesse qu'on a pu s'en tirer avec les autres. Je ne sais pas ce qu'était cette chose, mais si je devais la recroiser un jour, je jure de faire en sorte qu'elle ne retouche plus jamais à l'un des miens !

Eden, c'était cette fillette étrange qui se promenait toute seule dans les landes aux abords de River Crow. "La fille de la maison bizarre". Je l'apercevais parfois alors que mon frère m'entrainait dans les landes pour de longues courses d'endurance ou d'autres activités du genre. Je la toisais de loin, me demandant ce que cette petite fille pouvait bien faire là. Elle devait avoir dans les 8 ans à l'époque, alors forcément, sa présence régulière en pleine nature sauvage m'intriguait. Mais c'était une étrangère, on ne faisait que se jauger de loin avant de continuer notre route chacun de notre côté. Pourtant je savais que certains hommes de la meute se rendait parfois dans cette maison isolée où elle vivait seule avec sa mère. J'étais bien naïf à l'époque, me demandant "pourquoi". Il fallut une énième rencontre fortuite avant que je ne lui adresse finalement la parole, poussé par cette curiosité de savoir ce qu'une gamine comme elle faisait là. Dès lors, je guettais la chevelure rousse à chacune de mes sorties dans la lande, cherchant celle qui, aux grès de nos rencontres imprévues, était devenue une amie. Je ne voyais pas beaucoup de monde en dehors des membres de la meute, et c'était plaisant d'avoir cette amie à part. Une amitié avec un goût de secret. La mère d'Eden disparue quand elle avait 15 ans. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue, Eden n'a jamais rien voulu me dire à ce sujet, vu la manière dont elle prenait soin de sa fille, je n'étais que moyennement surpris par cette subite disparition... Eden n'était pas majeure à l'époque, et devait vivre désormais seule dans cette maison perdue dans les landes. Elle me fit promettre de ne pas ébruité l'absence de sa mère, sans quoi elle aurait été envoyé en foyer. Je comprenais, j'avais été comme elle par le passé, sans le soutien de la meute, on m'aurait séparé de mon frère, alors je promis. A partir de ce moment-là, mes visites se firent plus fréquentes, voulant m'assurer qu'elle arrivait à se débrouiller, qu'elle ne manquait de rien. J'aurais voulu protéger cette gamine que je connaissais depuis des années, elle était un peu comme une sorte de petite soeur, j'aurais du la ramener parmi nous, elle aurait été plus en sécurité. Mais elle ne savait rien de ma nature, elle ne savait rien de l'existence des lycans. J'étais devenu loup, et le Béta de notre meute entre temps. On ne pouvait pas se permettre d'accueillir une jeune humaine, une étrangère, parmi les notres. J'aurais du... aujourd'hui, elle serait peut-être encore en vie. Elle avait 19 ans quand elle disparue tout aussi soudainement que sa mère avant elle. Est-ce que cette dernière était revenue la chercher ? J'en doutais fortement. Il se passait des choses... des choses dangereuses à River Crow. S'était-elle trop approchée du mal qui régnait là-bas ? En tout cas, je ne l'ai plus jamais revu. Je crois bien qu'elle est morte là-bas. A River Crow. Comme tellement d'autres.

Tout ce que je sais de Jonah, c'est ce que m'en a dit Eden. Je sais qu'il était son jumeau, qu'il est mort et que son esprit la hantait. Un peu comme.. un ami imaginaire... maléfique ? Même aujourd'hui alors que je connais maintenant l'existence des sorciers et de tout un tas d'autres sortes de créatures, j'ai toujours du mal avec tout ce qui touche l'occultisme... ça me dépasse complètement. Alors à l'époque... je ne sais pas trop si j'y croyais, mais Eden était persuadée qu'il était toujours là, avec elle. Moi je n'ai jamais eu aucun contact avec cette "entité", mais j'accordais du crédit aux croyances de la rouquine, il devait y avoir "quelque chose", même si j'étais loin de me douter à quel point ce quelque chose était palpable et réel. A la disparition d'Eden, puis avec tout les évènements qui sont arrivés ensuite en Irlande, je n'ai plus repensé à cette histoire de jumeau décédé mais toujours présent. Je suis loin de me douter que c'est pourtant ce même Jonah qui s'aventure par moment dans mon esprit, créant doutes et cauchemars, rongeant peu à peu ma volonté dans l'intention de prendre le contrôle d'un corps doté des capacités lycanthropiques. Mon corps.

Je venais de trouver un sac rempli de vivres quand elle a débarqué. Il semblerait que j'étais en train de voler les provisions que la brune avait amassé. C'était quelques mois après les bombardements, on venait de nous enfermer dans notre propre pays, et d'en couper tout les approvisionnements. Il y avait eu alors des émeutes, il n'était pas rare de voir des personnes, peut-être autrefois des voisins, se battre comme des chiens enragés pour de simples conserves. Elle m'a alors supplié de lui laisser ses provisions. J'ai hésité. Bordel oui, j'ai hésité ! Parce que je savais que la meute en avait besoin, qu'on avait du monde à nourrir ! Et elle... elle était prête à faire n'importe quoi, jusqu'à troquer son propre corps pour que je lui laisse quelque chose qu'elle avait durement acquis. Je n'ai pas pu... devant sa détresse, son air désemparé, si fragile.. j'ai renoncé. Je lui ai laissé son sac, et je suis parti. Ça aurait pu s'arrêter là. Mais à partir de là, quand je passais dans le coin, je ne pouvais pas m'empêcher de la chercher, comme pour vérifier qu'elle était toujours là, toujours vivante. Je me sentais peut-être un peu coupable... Depuis c'est devenu une habitude, je lui rends visite, lui apporte des provisions, m'assure qu'elle va bien. Parfois je ne repars qu'au petit matin, après avoir passé la nuit ensemble. Je m'amuse de toutes ces questions qu'elle pose sur les lycans, elle est curieuse et ne s'en cache pas. On s'entend bien, malgré notre première rencontre assez désastreuse, il n'y a rien de sérieux entre nous, seulement quelques étreintes occasionnelles le temps d'une nuit, on s'apporte du réconfort, même si ça ne va pas chercher loin, j'ai tout de même beaucoup d'affection pour Soma. Je devrais peut-être lui demander de rejoindre la meute, avant de le regretter, comme avec Eden... mais dans le cas présent, elle est sans doute plus en sécurité ici à Riverdall qu'elle ne le serait parmi les loups.

Ma relation avec Nick... comment expliquer ça ? C'est mon p'tit coeur, mon roudoudou, mon rayon de soleil, mon bichon d'amour... ! Aaah... il me fait fondre comme un chocolat en plein soleil !
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Comment on en est arrivé là hein ? Oui, moi aussi parfois je me le demande. Mais non, je vous arrête tout de suite, Nick et moi, on a rien d'un couple. Par contre, j'affirme totalement que c'est complètement de sa faute si c'est parti en live comme ça ! Du coup, revenons en aux explications, un peu plus terre à terre cette fois.
C'est lors d'un raid que j'ai rencontré Nick pour la première fois, à ce moment, il n'était pas question d'amitié ou quoique ce soit dans ce genre. Avec mon équipe, on venait de trouver un générateur portatif dans un vieil entrepôt, un butin de choix par les temps qui couraient. Le problème, c'est qu'on était pas les seuls, Nick et ses vampires étaient arrivés sur place en même temps que nous. La coalition avait été signée quelques semaines à peine auparavant et la tension entre les races étaient toujours palpable. On en était là à se disputer lequel des clans devait repartir avec le générateur quand je ne sais plus qui a lancé un commentaire comme quoi "on dirait une dispute de vieux couple". Je ne me rappelle pas exactement ce qui s'est dit, mais si j'aurais eu tendance a remettre à sa place l'importun, ou bien l'ignorer, Nick, lui, est complètement allé dans son sens en proclamant haut et fort que c'était normal de se disputer avec son mari de raid, ou une connerie du genre ! Sur le coup, j'ai été tellement surpris que ça m'en a coupé ma répartie... au final, cette ânerie m'a coûté un générateur ! Depuis, c'est resté. A chaque fois que je croisais Nick, il me saluait en faisant une référence à cet épisode. Si au début, j'ignorais cet imbécile, j'ai fini par me laisser prendre au jeu... depuis, c'est complètement parti en couilles. Des déclarations enflammées aux surnoms les plus niaiseux qui soient, c'est la surenchère à chacune de nos rencontres. C'est un délire loufoque, mais ça nous amuse. Ce jeu débile nous a en quelque sorte rapprochés, créant une espèce d'amitié un peu bizarre. Je n'irais pas jusqu'à inviter le vampire à passer quelques jours au sein de la meute, mais... je pense que Nick est un mec bien. J'ai un bon feeling à son sujet et d'ordinaire, je fais plutôt confiance à mon instinct. Alors on peut dire que j'ai... en quelque sorte.. confiance en lui ? Une confiance toute relative, mais c'est déjà beaucoup plus que ce que j'accorde à la plupart des gens ne faisant pas parti de la meute.

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